Un signe de l’univers

Précieux, inattendus, mystiques, peut-être même réservés à quelques élus, les signes de l’univers sont parfois un dernier recours, un joker, une loterie, le moment rare d’une vie.

Un signe de l’univers

Nos journées passent souvent sans éclat. Le fil des semaines et des saisons nous entraîne le long de nos habitudes. Le bonheur est un songe et notre avenir une vague destination. Au point de devenir imperméables à ce qui nous entoure. Heureusement, le potentiel d’une journée sur terre ne s’essouffle jamais. Parlons aujourd’hui de ces “signes de l’univers”, ces petits êtres invisibles qui jouent à cache-cache dans nos vies, comme des esprits malicieux tout droit sortis d’un film de Miyazaki.

Précieux, inattendus, mystiques, peut-être même réservés à quelques élus, les signes de l’univers sont parfois un dernier recours, un joker, une loterie, le moment rare d’une vie. Ils portent en eux la promesse d’un regain d’énergie. Je repense à un ami d’enfance, incarnation de l’optimisme, qui lançait presque chaque jour : “C’est un signe ça ! C’est un signe.”En réalité, c’est peut-être ça, l’essence même de ces événements fugaces : l’expression pure de notre regard sur la vie et sur les phénomènes qui nous entourent.

Ils se cachent partout, ces signes capricieux, qui éclosent comme de petits miracles. Un morceau de musique qui, soudain, fait sens. Un silence inattendu. Un oiseau qui se pose au bord de votre fenêtre. L’appel pressenti d’un ami perdu de vue. Un rêve particulièrement clair. Une série de chiffres récurrents. Ou l’incroyable dramaturgie d’un coucher de soleil. Certaines apparitions singulières peuvent changer votre journée. Parfois même votre vie. Anodines ou fascinantes, ces manifestations obéissent toutes au même principe : elles créent un contraste. Un contraste avec la rugosité du moment. Ou, au contraire, elles soulignent la perfection fragile d’une parenthèse. Une émotion est balayée. Ou amplifiée. Ne serait-ce qu’un instant. C’est cela, au fond, la pleine conscience. Cet état d’élévation qui nous permet de voir le monde avec clarté et attention.

“Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres.”

L’univers est un dialogue entre signaux et capteurs. Il est ainsi fait, by design. Lors d’une conférence, le brillant astrophysicien David Elbaz disait : “Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres.” À l’échelle des galaxies, des atomes ou des humains, un nombre infini de choses se percutent. Et certaines en viennent à fleurir. 

Dans notre quotidien souvent embrumé, ces éclats éphémères restent l’expression d’une coïncidence. Mais si l’on veut vraiment s’y ouvrir, le terrain se prépare. Un peu comme en amour, quand on attend désespérément une rencontre. Deux éléments rendent cette rencontre possible. Deux choses assez rares. D’abord, croiser la bonne personne. Celle avec qui quelque chose d’inattendu va se passer. Ensuite — et c’est souvent le plus difficile — être ouvert à la rencontre. C’est là que tout se joue. C’est en ouvrant son cœur que la connexion s’éclaire soudain d’une infinité de possibles. L’amour n’est pas un trésor. C’est la carte.

Nous sommes les récepteurs d’un nombre infini de stimuli. En permanence, nous percevons le monde à travers un tamis qui trie les informations selon nos besoins, nos croyances ou nos états émotionnels. C’est une fonction indispensable du cerveau. Un peu comme savoir suivre une conversation dans le brouhaha d’un café. La plupart des choses restent dehors. D’autres passent inaperçues. Certaines nous font avancer en pilotage automatique. Un tout petit nombre retient vraiment notre attention. Et parfois, quelques-unes nous percutent.

Tout est contraste. Le plein se déverse dans le vide et le vide contourne le plein. Un événement brusque dans un moment de flottement, un fait amusant qui suit une pensée sombre. Le contraste génère du mouvement. C’est ainsi que la vie se réalise. Si nous comprenons ce mécanisme et portons notre attention en pleine conscience sur ce qui nous entoure, alors une infinité de détails se révèle dans notre quotidien. Ces découvertes peuvent nous transformer, nous guider, ou simplement nous aider à voir les choses telles qu’elles sont. À l’inverse, l’enfermement, le repli sur soi et, par extension, un trop-plein d’introspection, peuvent annihiler notre capacité à capter ces messages subtils. Apprendre à observer le monde dans ses moindres nuances, comme on accueillerait le plus beau coucher de soleil de notre vie, peut ouvrir la voie à une richesse insoupçonnée.

C’est en nous laissant percuter par ces fragments d’infini que nous inventons, créons et forgeons notre destin. Trouver une solution à nos problèmes, c’est laisser flotter l’équation en nous, tout en sachant lâcher prise. Exactement comme sous la douche, quand l’idée surgit soudain, portée par le simple abandon sous le filet d’eau chaude. Car même ici, au creux de notre bac à douche, l’univers abonde littéralement de solutions et ne cesse de nous envoyer des signes.